Le retour à domicile se fait le plus souvent le soir de l’intervention. Vous avez normalement déjà vos médicaments pour lutter contre la douleur qui vous ont été prescrits lors de la consultation pré opératoire.
Les consignes à respecter à domicile sont les suivantes:
Repos 8 à 10 jours à la maison: l’objectif est de limiter le gonflement (œdème) et faciliter le drainage de l’hématome. Pour cela, il faut éviter les stations debout prolongées (éviter le piétinement) et rester le plus possible le membre à plat. Vous pouvez même surélever un peu les pieds du lit ou mettre un coussin sous la jambe.
Pansement/ douche: il est refait au bout de 2 jours par l’infirmière puis toutes les 48h pendant 10 jours. Pour les 3 premiers jours il est conseillé de se laver au gant au lavabo. Les douches sont possibles mais il faut que le pansement soit refait juste après. La cicatrice est laissée à l’air au bout de 10 jours. Il n’y a pas de fil à retirer.
L’appui est autorisé avec béquilles et bas de contention (côté opéré): la marche se fait en déroulant le pas et en appuyant au maximum pour faciliter le drainage et limiter au maximum la sensation de jambe lourde avec sensation désagréable d’élancement. Les béquilles sont conservées tant que le verrouillage du genou (extension complète par contraction du quadriceps) n’est pas obtenu. En pratique les béquilles sont conservées 2 à 4 semaines. C’est souvent le kinésithérapeute du sport qui autorise le lâcher des béquille ou le chirurgien lors de la consultation à 1 mois post opératoire. Le bas de contention n’est utile que côté opéré. Il est mis le jour et éventuellement la nuit (s’il est bien toléré) la première semaine. Il est surtout utile en station debout et conservé pour la marche 1 à 2 mois.
Glacer le genou au maximum: on glace avec l’attelle de froid compressive prescrite 20 à 30 min toutes les 3 à 4h pendant 8 à 15j.
Bien prendre ses antalgiques en systématique les premiers jours: l’antiinflammatoire en systématique matin et soir pendant 3 jours et les antalgiques à proprement parlé: Paracétamol (Doliprane) et Tramadol (ou Topalgic) peuvent être pris en alternance toutes les 3 heures. L’appui étant autorisé et recommandé, il n’y a pas forcément de traitement préventif contre la phlébite. Cela est décidé conjointement avec les anesthésistes en fonction de vos antécédents.
Attelle: celle-ci n’a qu’une valeur antalgique et elle permet de faciliter la glaçage. Elle n’a pas de rôle mécanique. Le genou est solide. En général elle est mise la nuit pour éviter les douleurs par faux mouvement 8 à 10 jours et pour marcher en dehors de la maison une 15 aine de jours.
Autorééducation: il est important de « bouger » et « réaciver » musculairement » son genou. L’attelle ne doit pas être conservée 24h/24h.
Lorsque vous êtes allongé au repos, retirez l’attelle et mobilisez votre genou en flexion autant que vous pouvez.
La position de repos est genou en extension (genou à plat). La tendance naturelle est de vouloir garder le genou un peu plié et de mettre un coussin sous le genou ce qu’il faut éviter.
Travaillez le réveil du quadriceps: cela vous a été expliqué lors de la consultation préopératoire et lors du passage du chirurgien après l’intervention: faire des contractions répétées du quadriceps d’une seconde une 10 aine de fois, à répéter autant que possible.
Ces recommandations sont éclairées sur la vidéo suivante:
La récupération d’une contraction active du quadriceps permet de mieux tendre le genou (lutte contre le « flessum post opératoire ». Tant qu’il est difficile de tendre parfaitement son genou par contraction du quadriceps, il est important de garder les béquilles pour marcher (en appuyant) pour éviter de garder une marche avec le genou un peu fléchi « flessum ».
En cas de gros gonflement, réaggravation de douleur, fièvre ou cicatrice inflammatoire) il faut contacter rapidement votre chirurgien. Une douleur du mollet doit faire craindre une phlébite et nécessite également une consultation en urgence.
PARTICULARITES CHEZ L’ENFANT:
il est important de bien rassurer son enfant opéré. Le stress et l’anxiété fréquente chez l’enfant augmente la sensation de douleur et induit des contractions musculaires réflexes elles mêmes douloureuses et source de position réflexe du membre en flexion qui complique les exercices d’autorééducation et la reprise de la marche.Il est important d’apprendre a bien souffler pour se détendre au maximum. Il est possible d’ailleurs pour les plus jeunes, les moins de 10 ans qu’une immobilisation dans une genouillère en résine 15 jours ait été recommandée pour passer ce cap douloureux.
Kinésithérapie post opératoire: elle a été planifiée avant l’intervention. Il faut prévoir les 6 premières semaines 2 à 3 séances par semaine. cf kiné bas de page
Suivi Post opératoire
Le suivi s’appuie sur une coordination parfaite entre chirurgien du sport – médecin du sport – kiné du sport.
La consultation avec le chirurgien se fait à 3 étapes: à 1 mois post opératoire, avant la reprise de la compétition et 1 an après la reprise de la compétition.
L’objectif final est de permettre au patient sportif de reprendre son activité dans les meilleures conditions physiques pour qu’il puisse reprendre du plaisir tout en minimisant les risques de nouvelle blessure ou de blessure sur l’autre genou (prévention secondaire).
Ainsi, nous avons développé des protocoles de suivi avec des médecin (notamment les Dr BERLIVET Thibaud et DR DAUTY Marc) et des kinés du sport. Même s’il y a des dates qui permettent d’avoir une certaine visibilité, on ne résonne plus en « délai » ou « date » précise mais plutôt en étapes ou « phases » étalées sur l’année post opératoire. Ainsi, on ne passe à la phase suivante que si la phase précédente est acquise.
Au total la reprise des sports à risque, pivot et pivot contact (foot, basket, hand, rugby, gymnastique…) ne se fait pas automatiquement à tel ou tel délai. Elle est très risquée avant 6 mois quand on sait que le tendon met 1 à 2 ans avant d’être bien cicatrisé. Elle se fait, en fonction de la récupération musculaire et de la tolérance du genou, progressivement en commençant par les entrainements entre 8 et 12 mois après l’opération.
Consultation post-opératoire à 1 mois de l’intervention avec le CHIRURGIEN: objectifs:
Vérifier localement l’état des cicatrices (risque infectieux) et la bonne évolution de l’oedème,
Vérifier la bonne récupération des mobilités et surtout le bon verrouillage du genou (extension complète) par contraction active du quadriceps: il ne doit pas y avoir de flessum.
Si l’examen est satisfaisant, le patient peut lâcher ses béquilles (il a pu les lâcher plus tôt après validation par son kinésithérapeute).
marcher sans béquilles alors que le genou ne se tend pas bien doit être évité car cela fait persister plus longtemps voir s’aggraver ce problème de flessum; en conséquence, les douleurs trainent, les muscles mettent plus de temps à récupérer, l’hématome met plus de temps à se drainer et au final le patient perd du temps dans sa récupération.
Il est alors autorisé de faire du vélo et de la natation (sauf brasse). Aucune autre activité n’est autorisée avant la consultation suivante.
La kinésithérapie est poursuivie, il est possible également, si le genou est parfait, de faire une pause jusqu’à 4 mois date à laquelle sera vraiment lancée la réathlétisation.
Consultations intermédiaires avec le médecin du sport (Dr Berlivet, Dr Dauty):
A 2 mois
entre 3 et 5 mois après l’intervention (en fonction des conlusions de la consultation précédente).
entre 6 et 9 mois après l’intervention (en fonction des conlusions de la consultation précédente).
Lors de ces consultations:
Le genou est contrôlé sur un plan fonctionnel et sur un plan clinique: gonflement, raideur, douleurs éventuelles, état musculaire, testing du genou.
Des bilans musculaires sont organisés (tests cybex ou tests isocinétiques) et interprétés. On recherche une puissance globale adaptée et un bon équilibre cuisse côté sain / cuisse côté opéré. Un test de laxité GNRB permet d’évaluer de manière objective la laxité du genou et donc la bonne évolution fonctionnelle du LCA reconstruit.
Décisions de la reprise progressive (après le vélo) d’activités en ligne notamment la course à pied.
Orientation progressivement sur des schémas de réathlétisation pour préparer le genou et le corps à une reprise du sport. Ces programmes s’adaptent le plus possible au sport pratiqué.
Réalisation de tests fonctionnels (hope test, triple hope test, ACL-RSI, KSTARTS…) qui permettent au patient de prendre conscience de la bonne évolution ou non du genou, du contrôle de la stabilité. En effet une bonne évolution sur le plan purement musculaire ne suffit pas pour se sentir bien et reprendre dans de bonne conditions. Ces tests permettent de tester le genou dans certaines positions de déséquilibre et rendent compte de la bonne récupération proprioceptive (bons réflexes, bonne qualité des réceptions).
Décision de reprise progressive des entrainements, d’abords individuels puis avec le groupe.
consultation conjointe Chirurgien médecin du sport 9 à 12 mois après la chirurgie:
Concertation médecin du sport et chirurgien pour la reprise de la compétition.
Consultation avec Chirurgien à 2 ans:
Vérification de la bonne tolérance du genou, de l’absence de symptômes. Le patient doit avoir « oublié » son genou.
PARTICULARITES CHEZ L’ENFANT
Les béquilles sont souvent maintenues un peu plus longtemps car les enfants, surtout en dessous 12 ans, mettent plus de temps a récupérer une bonne extension du genou, c’est a dire un bon verrouillage du genou.
Le suivi est surtout assuré par le chirurgien, les objectifs sportifs chez les moins de 12 ans sont en général moins soutenus et surtout on se donne plus de temps pour la récupération. En effet la cicatrisation du ligament est plus lente que chez l’adulte.
Le suivi sera maintenu jusqu’à la fin de la croissance pour s’assurer de la bonne croissance du membre opéré.
Rééducation Post opératoire
Elle est débutée dans les 8 à 10 jours qui suivent l’opération et doit être organisée avant l’intervention afin d’avoir des créneaux disponibles.
Elle se fait soit en centre de rééducation ( service de rééducation fonctionnelle de St Jacques à Nantes, Cap Breton) soit chez un kinésithérapeute près de chez vous, idéalement un kinésithérapeute du sport.
En centre de rééducation, le patient est hospitalisé 3 semaines en moyenne. La kinésithérapie peut être ensuite poursuivie près du domicile du patient.
En kinésithérapie libérale, la rééducation se fait au rythme de 2 à 3 séances par semaine en moyenne pour les 6 premières semaines.
L’objectif de la rééducation du premier mois est de récupérer un genou non douloureux, sans oedème, mobile et avec une bonne extension et un bon verrouillage musculaire.
La phase de réhathlétisation est ensuite une phase importante pour la préparation à une reprise d’activité sportive: l’objectif est bien sûr de pouvoir reprendre plaisir dans son sport mais aussi de limiter le risque de nouvelle blessure. Cette phase débute entre 3 et 4 mois après la chirurgie et s’appuie sur un travail musculaire et un travail proprioceptif chez le kinésithérapeute mais également un travail personnel, notamment le vélo. Les tests musculaires (Cybex, test isocinétique), les tests fonctionnels (hop-test, triple hop test et autres) et les tests subjectifs (questionnaire ACL-RSI par exemple) sont aussi régulièrement réalisée par les kinés du sport et permettent au patient d’avoir une idée objective et claire sur ses capacités à reprendre une activité sportive à risque.
Reprise Du Sport
La reprise du sport reste l’objectif numéro 1 pour les patients sportifs qui doivent se faire opérer. La question du délai de reprise est souvent posée. Les sportifs pivot-contact professionnels (football, basket, handball, rugby) reprennent souvent leur sport plus tôt (6 à 8 mois), ce que les sportifs non professionnels ont parfois du mal à comprendre. Pour autant la chirurgie est exactement la même. Par contre les sportifs professionnels ont des capacités musculaires bien supérieures et une prise en charge rééducative beaucoup plus intensive.
Les délais sont bien sûr différents suivant le type de sport pratiqué:
Les sports en ligne sont repris généralement entre 4 et 6 mois.
Les sports pivot individuels tel que tennis ou badminton sont repris entre 6 et 8 mois après la chirurgie.
Concernant les sports pivot-contacts: la reprise de la compétition (matchs) n’est pas recommandée avant 10 à 12 mois.Les entrainements sont repris à partir de 6 à 8 mois en fonction des résultats des tests musculaires et en respectant cette ligne de conduite progressive:
1er mois: reprise en individuel en faisant de « l’éducatif spécifique », c’est à dire en travaillant beaucoup sur les changements de direction notamment et en déséquilibre
2ème mois: reprise avec le groupe avec un maillot de couleur différente.
3ème mois: reprise normale avec le groupe.
Reprise ensuite de la compétition très progressivement.
Durant toute cette phase, le genou ne doit pas faire mal, ni gonfler, ni se dérober. L’année de reprise est souvent un peu chaotique, en oscillant des phases de bonnes et de moins bonnes sensations, ceci est normal. Il faut savoir écouter son corps: si on se sent fatigué, un peu douloureux, pas en forme, il faut savoir renoncer à aller jouer un match plutôt que risquer de se blesser à nouveau.
Pendant 18 mois à 2 ans il est fortement conseillé de poursuivre une activité musculaire type vélo ou rameur pour conserver un bon volume musculaire. En effet, instinctivement, lors de la reprise de son sport à risque on a tendance à protéger son genou et à finalement moins le faire travailler. Cela peut conduire à diminuer la force musculaire et finalement s’exposer à une nouvelle blessure.