Maladie d’Osgood Schlatter

La maladie d’Osgood Schlatter est une maladie de croissance qui survient entre 12 et 15 ans en général. Elle correspond à une inflammation du cartilage de croissance de la tubérosité tibiale, zone du tibia ou s’attache le tendon rotulien. Elle survient surtout chez les jeunes sportif et est liée à une sursollicitation du membre (microtraumatismes répétés). Le traitement passe par un repos sportif relatif, de la kinésithérapie et de l’autorééducation.

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Sommaire

Maladie d’Osgood Schlatter Description de la pathologie

La maladie d’Osgood Schlatter est une « ostéochondrose de croissance de la TTA (Tubérosité Tibiale Antérieure) sur un genou en croissance »…..  OK…. c’est quoi la TTA? c’est quoi une ostéochondrose?…

c’est quoi la TTA ? chez l’enfant?

La TTA est la petite bosse en haut et en avant du tibia ou s’insère le tendon rotulien (tendu entre rotule et TTA).  La TTA est le point d’attache final de l’appareil extenseur (quadriceps) sur le tibia. Elle supporte donc des tractions importantes exercées par a contraction du quadriceps. Ces phénomènes de tractions sont d’autant plus répétés et importants que l’activité sportive est répétée et intensive. 

Chez l’enfant et l’adolescent cette TTA est encore du cartilage de croissance. Ce cartilage de croissance est un point de faiblesse qui va subir les contraintes exercées par le tendon rotulien et le quadriceps.

Ce cartilage de croissance va s’ossifier progressivement avec la croissance ce qui se voit sur les radios facilement: jusqu’a 8-9 ans la TTA chez l’enfant ne se voit pas sur la radio car elle n’est constituée que de cartilage puis on voit apparaître un petit noyau blanc qui grossit progressivement pour donner l’aspect final en fin de croissance. 

Ainsi, chez l’enfant et l’adolescent, le tendon rotulien s’attache sur du cartilage de croissance et non sur de l’os comme chez l’adulte.

c’est quoi une ostéochondrose?

Une ostéochondrose est un terme général qui regroupe toutes les pathologies articulaires et proches d’une articulation que l’on rencontre pendant la croissance: on parlera d’ostéochondrite lorsque l’atteinte est dans l’articulation (la plus fréquente est l’ostéochondrite du genou) et d’apophysose lorsque l’atteinte est en dehors d’une articulation. Le terme apophyse désigne les zones d’attache des tendons proches d’une articulation et qui permettent de faire bouger cette articulation. Dans le cas d’une apophysose, l’atteinte siège au niveau de l’attache d’un tendon (ou  parfois d’un ligament) sur un cartilage de croissance. On en retrouve un peu partout:

  • Osgood Schlatter: au niveau de l’insertion du tendon rotulien sur la TTA (la plus fréquente)
  • Maladie de Sinding Larsen: qui est l’équivalent de l’Osgood mais sur la pointe de la rotule.
  • Maladie de Mac Master: sur l’ischion du bassin ou s’insèrent les tendons des muscles ischio jambiers
  • Buchman: Epine iliaque du bassin ou s’insère le muscle quadriceps (droit fémoral) 
  • Maladie de Sever au niveau du cartilage de croissance du talon ou s’insère le tendon d’Achille.
  • Maladie d’Iselin au niveau de la face latérale du pied sur le 5eme metatarse ou s’insère le tendon fibulaire court.
  • etc….

Toutes ces zones sont encore du cartilage de croissance chez les enfant et adolescents. Il s’agit de point de faiblesses, sensibles à l’hyperactivité sportive qui peut dans ce cas « s’inflammer » ce qui induit douleurs et gonflement. L’hyperactivité est source de microtraumatismes répétés. On parle ainsi de « pathologies microtraumatiques »,c’est à dire que les symptômes apparaissent progressivement dans le temps dans le cadre d’une activité intensive, sans traumatisme ou accident brutal. Cela se traduit sur la radio par l’apparition dans l’apophyse d’ossifications supplémentaires ce qui donne un aspect fragmenté de cette zone en cours d’ossification.

Ces pathologies:

  • sont clairement aggravées et plus fréquentes chez les jeunes sportifs: la maladie d’Osgood Schlatter atteint 2 adolescent sportifs sur 10 en moyenne. C’est surtout le fait de la répétition continue d’un même exercice qui facilite ces pathologies. Les jeunes faisant de plus en plus de soprt et surtout s’orientant de plus en plus tôt sur des activités uniques et en compétition, cela explique que l’on voit de plus en plus ces pathologies. Sachant que les Pays de la Loire sont une région très sportive (la plus sportive de France), nous rencontrons beaucoup cette pathologie dans notre région. Elle concerne les sports individuels (gymnastique, athlétisme, tennis) ainsi que les sports collectifs (football, handball, basketball ou encore rugby…).
  • La croissance  joue un rôle important: ainsi les apophysoses apparaissent à des âges spécifiques en fonction des localisations. Cela est  liées aux poussées de croissances qui se succèdent selon un schéma bien défini. Ainsi on observe d’abord une poussée de croissance du pied et de la cheville entre 7 et 11 ans ce qui explique qu’â cet âge on voit surtout les maladie de Sever ou d’Iselin. C’est ensuite le genou qui fait sa poussée de croissance: on voit alors plus d’Osgood Schlatter 12-15 ans), Sinding Larsen (11-13 ans). On voit ensuite apparaitre un peu plus tardivement les ostéochondroses du dos qui est la zone du corps qui finit de grandir en dernier (14-17 ans).

particularités de la maladie d’Osgood Schlatter

L’origine exact de la maladie d’Osgood Schlatter reste inconnue mais il ressort que le surmenage articulaire (la suractivité sportive) facilite l’apparition de cette pathologie. Le surmenage articulaire et notamment l’excès d’exercices répétés toujours les mêmes à l’entrainement induit des « microtraumatismes » au niveau de la TTA qui est encore à cet âge du cartilage de croissance en cours d’ossification. Cette suractivité induit une inflammation qui induit gonflement, douleurs et troubles de l’ossification de la TTA.  Une forte poussée de croissance et les raideurs musculaires secondaires (quadriceps et / ischiojambiers) aggravent cette inflammation.

Maladie d’Osgood Schlatter Diagnostic clinique & examen

Le diagnostic est simple et clinique (interrogatoire et examen):

  • Les douleurs durent depuis plusieurs semaines ou mois et surviennent surtout lors de la pratique des sports (douleurs mécaniques).
  • L’âge: autour de 13-14 ans chez le garçon et autour de 12 ans chez la fille.
  • notion de pratique sportive assez intensive: souvent au moins 2 voir 3 entrainements par semaine et un match s’un même sport, avec parfois du travail musculaire à l’entrainement répétés inadapté.
  • La tubérosité tibiale (TTA) est gonflée (oedématiée).
  • La TTA est très sensible à la palpation.
  • Souvent il existe une certaine raideur des muscles: quadriceps et/ou ischiojambiers. Les muscles manquent de tonicité ou il existe un déséquilibre entre quadriceps et ischiojambiers.

 

Les examens complémentaires ne sont pas nécessaires pour faire le diagnostic qui est clinique. Pour autant il est recommandé de faire une radiographie à partir du moment ou les douleurs trainent pour être sûr que cela ne soit pas autre chose et notamment pour éliminer une tumeur osseuse.

La radiographie montre un aspect un peu « morcelé » ou fissuré de la TTA. En fait il ne s’agit pas de fissure réelle, cet aspect rend compte de l’inflammation de la TTA à l’origine de ces ossifications multiples au sein du cartilage de la TTA. D’aillleurs, la maladie d’Osgood Schlatter n’expose pas plus l’enfant aux fractures du genou.

 

Maladie d’Osgood Schlatter Traitements

Le traitement de la maladie d’Osgood Schlatter est médical. Il est très exceptionnellement chirurgical pour des formes qui ont mal évolué et sont restées douloureuses chez l’adulte (cela représente moins de 1% des cas).

Les grands principes sont basés sur la mise au repos de cette attache trop sollicitée, du renforcement adapté et surtout un travail d’étirement musculaire:

  • Arrêt des activités sportives qui comportent des sauts et réceptions brutales. Cela implique un arrêt de la plupart des activités sportives en compétition en dehors de la course à pied, le vélo (sans résistance) et la natation ou l’escalade. Pour autant des entrainements individuels en respectant cette règle sont possibles que ce soit en football, basket handball ou autre sport.  Il ne doit y avoir par contre aucune douleur. Il est important de comprendre qu’un arrêt des sauts signifie aussi ne pas sauter par dessus une flaque d’eau ou les marches de l’escaliers. De la même façon, les sports pendant es pauses scolaires doivent respecter cette règle d’éviction des sauts.
  • Supplémentation en vitamine D: elle est systématique.
  • Kinésithérapie: renforcement musculaire isométriques des chaines musculaires antérieures et postérieures; étirements des différents groupes musculaires en fonction de la situation de chaque patient: parfois il faudra axer le travail plutôt sur les étirements du quadriceps, parfois (et même le plus souvent) il faut étirer surtout les ischio jambiers. Le triceps sural (muscle du mollet) doit souvent aussi être travaillé.
  • Autorééducation: elle est un complément indispensable à la rééducation:
    • les exercices sont à faire tous les jours pendant 2 mois puis très régulièrement autour des activités sportives jusqu’à la fin de la croissance pour limiter les risques de récidives. 10 minutes d’exercices au total. 5 exercices à réaliser: 3 exercices d’étirement et 2 de renforcement musculaire. 2 minutes par exercice.
    • 3 exercices d’étirements: alterner Gauche / Droit toutes les 15 seconde pour chaque exercice.

  

Etirements du quadriceps

soit en position debout, soit en position allongée (l’idéal).

En position allongée: garder le dos bien droit. Pousser le genou en arrière avant d’amener le talon à la fesse.

En position allongée: garder la tête à plat pour éviter le creusement du dos.

 

Etirements des ischiojambiers

surélever le pied à 30-40 cm pas plus. Incliner le dos droit vers l’avant en gardant les fesses bien en arrière. Le genou est très légèrement plié.

Etirements du triceps sural (mollet)

Utiliser un marche pied. Reculer l’arrière pied dans le vide côté à étirer en gardant le genou tendu. Baisser le talon en pliant l’autre genou.

 

    • 2 exercices de renforcement: Pour chaque exercice: 20 secondes d’effort et 10 seconde de repos soit 4 répétitions.

quarts de squat

Gainage abdominal

Il est réalisé sur les genoux si l’exercice est trop difficile sur les orteils. Il est important d’avoir le dos bien droit en contractant bien les abdominaux et les fesses, les genoux bien tendus. Faites vous aider d’une tierce personne pour s’assurer de la bonne position.

 

Ces exercices sont repris dans ce film réalisé avec la participation de kinés du groupe ISA team (Institut Sport Atlantique, St Herblain).

 

  • Reprise des entrainements au bout de 1 à 2 mois, une fois qu’il n’y a plus de douleurs. C’est en effet la disparition totale des douleurs à la palpation de la TTA qui autorise la reprise. Les premiers entrainements sont progressifs, en évitant bien sur de répéter les sauts.

 

  • Prévention de la récidive +++: l’objectif est de limiter le risque de récidive lors de la reprise des sports:
    • varier les exercices à l’entrainement: ne pas répéter toujours les mêmes gestes aux entrainements: alterner entrainements « renforcement » et « techniques ». Proscrire le renforcement musculaire excessif chez les jeunes: uniquement du gainage (renforcement isométrique), quart ou demi squat.
    • Il ne doit y avoir aucune douleur lors de la reprise des entrainements.

Maladie d’Osgood Schlatter Résultats de la prise en charge

La bonne observance du traitement permet de régler le problème dans plus de 80% des cas avec un retour normal aux activités sportives. Malgré tout on considère qu’il faut en moyenne 1 an pour que les douleurs aient disparu.

Il est important de bien respecter le traitement: éviction des sauts- kiné- autorééducation en début de maladie.  Il est tout aussi important de poursuivre les étirements ( à un rythme moins soutenu) jusqu’à la fin de la croissance des membres inférieurs (16 ans chez le garçon en moyenne, 14 ans chez la fille).

Il est capital de « s’écouter »: la réapparition d’une douleur doit à nouveau imposer la mise au repos. Il faut attendre qu’il n’y ait à nouveau plus de douleur pour reprendre. L’évolution est ainsi parfois fluctuante pendant 1 an en moyenne. Il faut l’accepter, ne pas perdre patience et poursuivre les exercices. Il ne faut pas hésiter à consulter de nouveau.

Il persiste souvent comme séquelle esthétique, même lorsque les douleurs ont totalement disparu, une tubérosité tibiale plus grosse avec un inconfort à la position accroupie.

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